Des parades nuptiales hautes en couleurs

Publié le par olivier frimat photojournaliste

Conquête nuptiale au sommet


Tenues d'apparat colorées, folles courses-poursuites, offrandes, chants, odeurs, attitudes et textures, les jeux de séduction ne manquent pas pour conquérir l'âme soeur. Voici quelques parades nuptiales hautes en couleurs.


Au hit-parade des couleurs, la plume d'or est attribuée au martin pêcheur. malgré les couleurs vives de son plumage, un manteau bleu cobalt, des ailes turquoises et un poitrail roux orangé, le martin pêcheur Alcedo athis n'est pas "facile" à observer. Les reflets métalliques de sa livrée rendent l'oiseau pêcheur mimétique sur les squames de la rivière. Mâle et femelle se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Le couple se forme dès janvier-février. Les amoureux se poursuivent passionnément et bruyamment au ras de l'eau et entreprennent des acrobaties aériennes au-dessus des arbres. "Tchiiii tchiiii chrii tiit." Le ballet nuptial s'éternise et s'achève lorsque le mâle présente une cavité à madame Martin conquise. Un long corridor de 80cm terminé par une chambre ovale creusée dans une berge de la Moselle fera l'affaire. Le prétendant y attire son idylle. Tête baissée, corps au sol et ailes déployées, le tombeur au long bec fait la cour à sa bien-aimée en lui offrant des petits poissons. L'accouplement s'accomplit sur une branche devant le terrier.

Un spectacle poétique

Comme son nom l'indique, le guêpier d'Europe Merops apiaster est un redoutable chasseur d'hyménoptères. (frelons,bourdons,guêpes...). Migrateur de la taille d'un merle dont la taille n'excède pas 30 cm pour 49 cm d'envergure, l'oiseau grégaire est polychromique. Le ventre à dominante bleue oscille entre le turquoise et le vert, le dos varie entre marron et couleur de paille. La gorge est jaune, la tête brune et un masque noir sabre l'oeil à l'iris rouge...Nicheur alsacien, l'habile chasseur fréquente les collines sous vosgiennes. La parade nuptiale débute en mai. Elle offre à l'observateur un spectacle poétique. Les conjoints sont perché l'un contre l'autre, le plumage hirsute. l'excitation est palpable, surtout chez le mâle qui guette une proie. La saisissant au vol, il revient vers sa dulcinée à pas mesuré en émettant des "rüpp rüpp rüpp" d'attendrissements et d'émois. L'amante séduite s'empare de l'offrande en frétillant des ailes et de la queue. Précédés d'offrandes, les accouplements se répartissent sur un mois (15 mai-15juin).

De doux cris de contact

De la taille d'une corneille, le pic noir Dryocopus martius est le plus grand représentant de la famille des picidés d'Europe. Le bel oiseau noir est commun aux forêts des montagnes des Vosges. Le dimorphisme sexuel est inexistant entre mâle et femelle. Cependant, une calotte rouge vif recouvre la tête du mâle, tandis qu'une simple tâche rouge marque l'occiput de la femelle.
Ce n'est qu'en période de parade nuptiale et de nidification que l'on peut entendre le "Kiouic ouic-ouic-ouic..."  long et répété à proximité de son site de nidification. Les chants nuptiaux s'attirent mutuellement par des cris de contact doux, mais également en donnant des coups de bec secs sur le tronc de l'arbre.
La parade amoureuse est composée de ballottements de la tête et d'arabesques aériennes. Une ouverture ou loge est creusée ou réutilisée dans le fût d'un hêtre sain. La profondeur de la loge peut avoisiner un mètre. La ponte a lieu au mois d'avril. La photo graphie réalisée (page 75) en forêt de Saint-Diè-des-Vosges nous présente une phase de nidification d'un couple de pics noirs. la relève de couvaison est assurée par les deux parents, mais plus régulièrement par le mâle. La femelle accède à la loge en émettant un cri particulier afin de prévenir le mâle de s'extraire du nid. Puis, elle se décale à droite de l'ouverture afin de laisser sortir le mâle qui prend la relève de couvaison.



Le ballet des plongeurs

Podiceps cristatus est le plus grand des grèbes d'Europe, 51 cm pour le mâle, 90 cm d'envergure et un poids maximum de 1.2 kg. L'oiseau pêcheur est vraiment reconnaissable sur les plans d'eau des Vosges. Le cou est effilé et deux collerettes de plumes rousses et noires ourlent les flancs de la tête. Une double huppe noire chapeaute la tête de l'oiseau aquatique. La cérémonie hyménéale débute à partir d'avril. Les jouvenceaux se font face, cou dressé. Nages de concert, frottements du cou et manifestations sonores, plongeons et réapparitions une algue dans le bec comme offrande. Le ballet des plongeurs reprend, poitrine contre poitrine, le duo lascif s'immobilise. Les oiseau tournent la tête d'un côté, puis de l'autre. Cette danse passionnelle peut se poursuivre durant la conception du nid flottant.

La bonne parade

Les écailles des papillons renvoient la longueur d'onde ultra-violette invisible chez l'homme. Cette reconnaissance visuelle sert d'attractif sexuel, tout comme la couleur et les dessins sur les ailes qui entrent également en ligne de compte dans la séduction d'un semblable. Chez le papillon aurore Anthocharis cardamines, le mâle a des ailes teintées d'orange. Le paon du jour possède de stupéfiants ocelles colorés. L'espérance de vie du damier athalie Mellicta athalia n'excède pas cinq à dix jours. Afin d'optimiser ses chances de reproduction en un temps record, l'insecte aux ailes quadrillées de noir sur fond fauve recherche une zone favorable pour la ponte et le développement des chenilles. Melam-pyrum pratense, le Mélampyre des prés, est la plante hôte recherchée par le papillon.

La femelle diffuse des phéromones sexuelles que le mâle va percevoir par des récepteurs olfactifs situés dans les antennes du mâle. Chez le paon de nuit, l'aguichant attractif peut-être flairé par le mâle à plusieurs kilomètres de distance. Les adèles verdoyantes Ardela reaumurella appartiennent à l'ordre des Lépidoptères. Ces insectes qui ne dépassent pas 1 cm de long entament un éphémère et curieux ballet de séduction. Les mâles excitent les femelles en virevoltant par milliers sous le feuillage tendre d'une hêtraie avec leurs antennes démesurées (quatre fois la longueur du corps) scintillantes au soleil.



La vie (animale, végétale ou humaine) tient à peu de chose. Une odeur perçue à des kilomètre à la ronde, une couleur tape à l'oeil, un gazouillis, un plumage affriolant. Les modifications outrancières d'un biotope favorisent la disparition de la vie. Assurer la pérennité des espèces est un challenge pour l'humanité. Encore faut-il trouver la bonne...parade?










Massif des Vosges magazine est la revue du patrimoine, de l'histoire et de l'art de vivre sur le massif  Vosgien. Je travaille avec ce titre par passion et conviction depuis le premier numéro. Depuis le numéro 17, je suis responsable de la rubrique Nature (4 pages) de 74 à 77.

Un grand merci aux photographes naturalistes et amis, Fabrice Cahez et David Hackel que je sollicite régulièrement pour me fournir des images somptueuses afin d'élaborer mes articles nature.

Le numéro 30 de Massif des Vosges magazine est à présent disponible sur abonnement.

En vous souhaitant une bonne découverte et une lecture instructive...naturellement!

Olivier F

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